La Tour du Père Labat : un vestige historique à découvrir à Baillif
Érigée en 1703 sur les rivages de la mer des Caraïbes, dans la commune de Baillif, la Tour du Père Labat est un témoin de l'histoire militaire de la Guadeloupe. Construite à la demande du gouverneur Auget, cette tour défensive avait pour mission de protéger le sud de l'île contre les attaques de corsaires et flibustiers. Elle servait également de corps de garde pour l'habitation des dominicains.
Avec ses 4 mètres de hauteur et ses 13 mètres de largeur, la tour pouvait accueillir une douzaine de soldats et était équipée d'une pièce d'artillerie. Ironiquement, cet arsenal ne fut jamais utilisé, car la ville de Baillif tomba aux mains des Anglais la même année que l’achèvement de la tour.
La tour porte le nom de Jean-Baptiste Labat, missionnaire dominicain aux talents multiples. Arrivé dans les Antilles en 1694, il séjourna en Martinique, en Guadeloupe et en Dominique. Homme aux mille casquettes – botaniste, explorateur, ethnographe, militaire, ingénieur, propriétaire terrien, et écrivain – il est surtout connu pour ses contributions dans la culture de la canne à sucre et ses récits sur la vie dans les Caraïbes au XVIIe siècle.
La Tour du Père Labat s'inscrivait dans le système défensif de Basse-Terre, dont le Fort Saint-Charles (aujourd'hui Fort Delgrès) était le centre névralgique. Située sur le territoire de Baillif, la tour entretenait une communication visuelle avec la batterie de Saint-Dominique (actuellement un centre scolaire) et le Fort de la Madeleine, devenu une batterie dès 1644.
Aujourd'hui, la Tour du Père Labat est un symbole de l'histoire coloniale de la Guadeloupe et un lieu chargé de mémoire. Ce vestige rappelle les défis stratégiques et militaires auxquels l'île a dû faire face au cours des siècles. Sa visite est une immersion dans une époque où la défense du territoire était une priorité face aux ambitions européennes dans les Caraïbes.